Je stagne à Dakar mais je récupère. Ce matin j'aurai dû aller à Yoff un village Lébou dans les environs mais je prefère me preserver pour ce que j'attends le plus : la ceremonie initiatique. Je me prépare physiquement et moralement pour cette semaine qui m'attend dans la brousse, voire les deux semaines. Une semaine dans un village diola vers Bignona et l'autre semaine dans un village mandingue vers Kolda. Apres je me retrouverai dans une famille aisée à Tambacounda pour me ressourcer un peu.
Je commence à essayer de m'adapter à ce pays et ses moeurs. Du moins j'essaye de comprendre l'origine de mes deceptions. Je pense qu'il faut une fois mettre ses pieds en Afrique noire loin des clubs med pour comprendre le malaise mondial. L'occident et L'Afrique ce n'est meme pas deux mondes différents, ce sont deux planètes différentes. Ici me je me sens comme un alien et on me regarde comme tel. Aucun repères, rien. Rien de comprable, rien à comparer.
Je me rappelle de mes cours de géographie à colorier la carte du monde en rouge, orange ou jaune suivant l'IDH le sourire aux lèvres et l'ipod dans les oreilles. Mais ce jaune desertique avec lequel on colorie la majorité de l'afrique ce n'est pas un mirage coloré, une simple légende de sous developpement notée dans la marge. L'afrique est réellement en marge. Mais en marge de quoi? D'un capitalisme boiteux? D'une mondialisation écrasante? Et si l'afrique était celle qui avait resister à tout ça? C'est difficile de croire ça quand on observe les conditions de vie. Les logements que l'on dit insalubres chez nous sont ici un quotidien généralisé. La nourriture est importée, le riz est alors moins bon et les cultivateurs de plus en plus pauvres. Beaucoup d'enfants sont vêtus de haillons. Bref, la diginité humaine n'est pas respectée. Ils vivent dans une décharge à échelle nationale. Je n'ai pas encore vu une seule poubelle, alors ne parlons pas de gestion des déchets ni d'éboueurs, ça n'existe pas.
Comment construire son avenir ici? Je regarde mon passeport de la république française comme un trésor, comme tout l'or du monde. C'est une preuve de ma liberté dans un monde enclavé par la misère et les FIRM. Orange est partout. Sur les routes, sur les ronds points, sur les parasols des vendeurs de misère, partout, "on remercie orange" qui affiche les plus belles infrastructures du pays. Je suppose qu'il ne s'agit pas d'une bonne charité chretienne de la part d'Orange...
Moi petite française, je cache ma mention bien au Bac et les bons résultats de mon lycée de centre ville dans un pays qui n'atteint pas les 30 pour cent de réussite. Pourquoi? Car il n'y a pas assez de places dans les universités donc on recale les élèves à l'examen. Je ne sais pas si j'aurai le courage de travailler quand on sait que ses efforts ne seront pas recompensés à leur juste valeur. Ils sont courageux ces africains. Ces africains qui quittent à 11 ans leur famille, leur village, pour aller au collège. Ou ses travailleurs urbains qui sacrifient leur besoins personnels en envoyant une partie de leur salaire au village.
Je comprends ces immigrés et je deteste encore plus ceux qui ne les acceptent pas. Comment ne pas avoir envie, plus que tout au monde de sortir de cette misère quand on est complétement aseptisé par les films occidentaux qui ne font que passer à la télé? Un luxe qu'on vous pend au nez comme une carotte que l'on tend à un âne.
L'afrique c'est un choc et c'est douloureux. Ma vie en France n'aura pas le meme gout. Je saurai apprecier les choses qui à nous aujourd'hui nous paraissent banales comme avoir du courant. Meme à Dakar il y a des coupures chaque jour et pas de flash info spécial pour autant. Imaginez une coupure à Paris...
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Je crois que tant qu'on a pas fais un voyage comme le tiens, on ne peut pas comprendre réellement ce qu'est la vie là bas. Même si ton billet là à le mérite d'ouvrir les yeux, on sent bien le vécu, mais il en faudra plus que ça pour faire changer tout ça. C'est juste triste...
RépondreSupprimerContinue de bien te soigner en tout cas, avant de repartir de plus belle dans ton séjour !
Cette volonté de remuer les consciences est tout à ton honneur Cléa, mais comme dit Fred, à moins de transférer un quart de la population française (élysée compris) pendant une semaine en Afrique livrés à eux même, il y a peu de chances que la france prenne conscience de la réalité quotidienne en Afrique, et en effet, c'est bien triste. Mais qui sait, peut être qu'un jour dans un éclair de lucidité des gens comme moi comprendrons un jour la véritable valeur des choses, mais pour cela il faudra je pense faire le voyage.
RépondreSupprimerPorte toi bien ;)
Je vois que tu remontes la pente et c'est tant mieux pour la suite de ton voyage. C'est au retour que tu trouveras tous les bénéfices de ce voyage. Si tu voyages plus tard sur d'autres continents, tu trouveras les mêmes différences entre richesse et pauvreté. Ainsi va le monde!
RépondreSupprimerTon parcours est une leçon de vie et c'est ce qui en fait l'intérêt. Comme tu le dis tu ne seras plus tout à fait comme avant de retour au pays. Mais tu verras aussi qu'avec le temps s'estompent les images et que les bonnes résolutions s'envolent. On est obligé de s'adapter là où l'on vit, vivre comme les autres, pour ne pas être en marge.
Que tout continue à bien aller pour toi.
Bernard